Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/612

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par centimètre carré, de sorte que le signal d’alarme peut être donné à toute heure du jour ou de la nuit.

Les deux machines dynamos, construites par M. de Méritens, ont une puissance telle que, si toutes deux fonctionnaient concurremment, la lumière concentrée dans la lanterne équivaudrait à 6 millions de bougies. L’inducteur comprend 60 aimants permanents, formés, chacun, de huit plaques d’acier. L’armature, qui a 0m,762 de diamètre, se compose de cinq anneaux, renfermant chacun 24 bobines, disposées en groupes de 4 en tension et de 6 en quantité.

Dans l’installation, tout est en double, et parfois en triple, pour parer à la possibilité d’une extinction de la lumière, même de courte durée.

L’installation de l’éclairage électrique dans les lanternes à échelons des phares, exige, avons-nous dit, des dispositions particulières différentes de celles des foyers à huile ou à pétrole.

Les appareils optiques des phares électriques sont calculés comme ceux des phares ordinaires, mais en tenant compte de l’énorme réduction de volume du foyer éclairant, dont l’intensité focale est environ 600 fois plus grande que celle d’une lampe à l’huile. C’est d’après cette considération qu’au début, c’est-à-dire dans l’installation des phares de la Hève, on avait cru pouvoir réduire à 30 centimètres le diamètre des lentilles. Mais on a reconnu plus tard qu’il fallait doubler ce diamètre. On a donc donné à l’appareil optique du phare de Planier, 60 centimètres de diamètre, et dans les phares anglais, on le porte même à un mètre.

Pour produire les éclats des feux tournants, on se sert de lentilles verticales qui se meuvent en avant des tambours des feux fixes, disposition qui permet d’augmenter à volonté la durée des éclats, relativement à celle des éclipses, et qui constitue l’un des plus précieux avantages de l’éclairage électrique des lanternes des phares.

MM. Sautter et. Lemonnier, les mécaniciens constructeurs attachés aux travaux des phares français, ont adopté, pour l’installation des phares électriques, tout un ensemble nouveau de dispositions optiques.

On trouve dans le savant ouvrage de M. H. Fontaine que nous avons plusieurs fois cité, l’Éclairage par l’électricité[1], des renseignements techniques sur cette question, renseignements qui ont été fournis à l’auteur par MM. Sautter et Lemonnier, et que nous reproduirons textuellement.

Lorsque le feu doit être fixe, la partie optique de l’appareil se compose d’un tambour lenticulaire, de forme convenable, qui rend les rayons horizontaux dans le plan vertical, en les laissant diverger dans le plan horizontal.

Les dimensions de ce tambour varient suivant les machines. Le diamètre de 0m,50 (appareil de quatrième ordre) est suffisant pour les dynamos de 25 ampères.

Il convient de l’augmenter quand les courants sont plus puissants, afin d’éloigner le verre du foyer et éviter qu’il ne se brise par suite du trop grand échauffement.

Avec des intensités de 45 ampères, il faut des optiques ayant 0m,75 de diamètre, et avec des intensités de 80 ampères, des optiques de 1 mètre de diamètre.

L’augmentation de diamètre des appareils est sensiblement proportionnelle à l’augmentation de diamètre des rayons de carbone entre lesquels se produit l’arc voltaïque, et qui détermine à peu de chose près les dimensions de la lumière électrique ; il en résulte que la divergence verticale reste la même dans les trois types d’appareils.

Lorsque le phare doit être tournant, on enveloppe l’optique de feu fixe d’un tambour mobile formé de lentilles droites verticales dont la forme varie suivant l’apparence qu’on veut donner au feu.

Les phares tournants électriques ont sur les phares tournants à l’huile ce très grand avantage, que l’on peut donner aux éclats une durée égale à celle des éclipses.

Dans les phares à l’huile, quand on concentre la lumière sous forme d’éclats, on a deux buts en vue : 1° augmenter l’intensité et par suite la portée

  1. 1 vol. in-8o, chez Baudry, 1886 (p. 638-940).