Page:Filion - Amour moderne, 1939.djvu/58

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 56 —

— Oh ! j’ai oublié, s’écria-t-elle, il faut que j’aille chercher l’auto, nous n’irons pas là en tram.

— Entrez, Mademoiselle, donnez-moi la clef, je reviens vous prendre dans la minute.

Elle obéit, s’assit dans le salon. Quand il revint, elle feuilletait un livre, elle le déposa sur la table et le suivit.

Il s’installa au volant, sans qu’elle s’y objectât. Il lui paraissait bon de se laisser conduire et entourer.

Pierrette retrouva au thé de cinq heures, une foule de ses amies qu’elle avait délaissées. Son entrain lui était revenu, elle causa brillamment. Une seule de ces jeunes filles osa prononcer, en présence de cet étranger, le nom de Charlie : mesquine petite jalousie.

Pierrette répondit sans paraître troublée extérieurement :

— Je ne me suis pas remise assez vite, il est reparti en voyage d’arpentage ; puis elle continua son chemin, distribuant des saluts et des sourires.

En revenant. Guy de Morais avait fait cette remarque : « Avec cette toilette noire unie, comme ce serait joli un collier de perles. »

— Elles portent malheur, avait-elle répondu en le regardant.

— Vous ne le croyez pas, ajouta-t-il.

Baissant la tête, elle dit :

— Oui, malheureusement, je le crois.

Aussi pour le soir, mit-elle une robe de velours bleu garnie de fourrure blanche ; quand elle se vit dans la glace du salon, elle fut désappointée ; elle était un peu mince pour cette toilette qu’elle n’avait pas portée depuis quelques mois. Aidée d’Yvonne, elle se pressa de remédier à cet inconvénient, elle désirait être bien mise afin de plaire.

Elle avait attaché à son cou, un collier d’argent roulé se terminant par une tête et une queue de serpent.

Ils arrivèrent au théâtre la première représentation très avancée. Le placier leur dénicha tout de même de bonnes places.