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— Naturellement nous devrons changer de genre de vie. La maison ne rapporte rien par elle-même et coûte très cher. La rente faite à ma mère par sa dot, qui heureusement n’a pas été aliénée, ne nous permettra pas de soutenir notre train de vie. Nous aviserons.

Le notaire était ébahi de voir avec quelle facilité, elle avait saisi la réalité de la situation, et avec quel flegme, elle paraissait prête à se résigner à tous les sacrifices qu’elle pourrait comporter.

Il la congédia sur un gracieux au revoir.

Le clerc en la reconduisant se demandait par quel hasard, pour quelle raison, une demoiselle était venue seule dans cette étude par cette belle après-midi du printemps ? Non, l’idée ne pouvait lui venir d’une perte d’argent devant l’assurance de la belle enfant.

Pierrette arpenta quelques instants la rue et classa ses idées. Que valait-il mieux faire ? Essayer de faire entrer sa mère dans l’étude de certains détails qui lui paraissaient insignifiants, la veille, ou faire en sorte de faire accepter à celle-ci de lui abandonner toute la responsabilité ? Elle se persuada bientôt que c’était le seul moyen de résoudre la difficulté, seulement pourra-t-elle la convaincre ?

Elle entra et se renferma quelques minutes dans sa chambre.

Ensuite, elle se mit à parcourir la maison à la recherche d’Yvonne.

Elle la trouva dans la cuisine en train de peler les légumes pour le repas du soir. Elle referma la porte sur elle avec précaution. Puis elle s’avança, l’air grave, vers la bonne qui l’avait bercée toute petite, et qui ne comprenait pas exactement tout ce qui se passait depuis quelques jours, mais qui avait eu l’intuition, comme tous les simples, de choses graves et probablement très désagréables pour ses maîtresses.

Elle regardait la jeune fille avec de grands yeux étonnés et effrayés.

Pierrette questionna :