Page:Finot - La Marche à la lumière, Bodhicaryavatara, poème sanskrit de Cantideva.djvu/121

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que la pensée de protection, de bonté envers les êtres devienne pour toi une habitude.

118. C’est ainsi que le Protecteur Avalokita a donné jusqu’à son nom pour écarter des hommes même le simple risque d’être intimidé dans les assemblées.

119. Ne vous laissez pas rebuter par la difficulté : il est des choses dont le nom seul faisait frémir et dont, par la force de l’habitude, on finit par ne pouvoir se passer.

Interversion du moi et d’autrui.120. Celui qui veut sauver rapidement et soi-même et autrui doit pratiquer le grand secret : l’interversion du moi et d’autrui.

121-123. L’amour immodéré du moi fait redouter le moindre danger : qui ne haïrait ce moi aussi inquiétant qu’un ennemi, ce moi qui, par désir de combattre la maladie, la faim, la soif, massacre oiseaux, poissons, quadrupèdes et se pose en ennemi de tout ce qui vit ; qui, par amour du gain ou des honneurs, irait jusqu’à tuer ses père et mère et à ravir le patrimoine des Trois Joyaux, ce qui ferait de lui le combustible des feux de l’enfer.

124. Quel homme sensé voudrait chérir, garder, soigner son corps, y voir autre chose qu’un ennemi, en faire un objet d’honneur ?

125. « Si je donne, qu’aurai-je à manger ? » Cet égoïsme fera de toi un ogre. — « Si je mange,