Page:Fléchier - Les grands jours d'Auvergne en 1665, 1856.djvu/53

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PORTRAIT
ou
CARACTÈRE DE FLÉCHIER
ÉCRIT PAR LUI-MÊME.


Vous voulez donc, mademoiselle[1], que je vous trace le portrait d’un de vos amis et des miens, et que je vous fasse une copie d’un original que vous connoissez aussi bien que moi ? Je sens le plaisir qu’il y a de vous obéir, mais je connois la difficulté de vous satisfaire. Comment vous le représenterai-je ? Si je dissimule ses défauts , je suis peu sincère ; si je les découvre, je suis peut-être peu discret. Si je vous expose ses qualités , je serai suspect ou de trop d’amitié pour lui , ou de trop de complaisance pour vous. Mais, enfin, vous l’ordonnez , et j’espère que vous lui pardonnerez volontiers ce qu’il en peut avoir de mauvaises, et que vous me saurez quelque gré de vous l’avoir représenté tel qu’il est.


Sa figure, comme vous savez, n’a rien de touchant ni d’agréable, mais elle n’a rien aussi de choquant. Sa physionomie n’impose pas et ne promet pas , au premier coup d’œil , tout ce qu’il vaut ; mais on peut remarquer dans ses yeux et sur son visage je ne sais quoi qui répond de son esprit et de sa probité. Il paroît d’abord trop sé-

  1. On a dit que ce Portrait était adressé à Mlle de La Vigne : les autres lettres et les vers que Fléchier adresse en mainte occasion à cette Iris rendent cela très-vraisemblable.