Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 1.djvu/187

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

prend quelquefois des crispations et je me démène avec mes livres et mes notes comme si j’avais la danse de saint Guy, patron des tailleurs.

Je n’ai pas vu les Collier, car je ne descends plus de mon antre qu’une fois par semaine ; j’ai en effet l’air d’une bête plus ou moins fauve. Donc je n’ai pas grande nouvelle à t’annoncer, ou, pour mieux dire, je ne sais rien du tout.

Adieu, vieux rat, vieux coquin de rat.


79. À LA MÊME.
[Paris, 16 mai 1843.]

Je te remercie bien, mon bon rat, de la lettre tu m’as envoyée hier ; elle était gentille et spirituelle comme toi, abondante en traits d’esprit que j’ai appris par cœur, et que je donnerai à la première occasion comme étant de moi. Il paraît que les Maupassant sont toujours en belle humeur, et que les facéties découlent mieux que jamais de leurs lèvres. Je regrette de n’avoir pas assisté au déjeuner où ils en ont tant dit ; j’aurais fait ma partie.

J’ai été hier chez les Collier ; Gertrude avait commencé une lettre pour toi. Elle ne sort pas des bals ; c’est un devoir pour elle de n’en pas manquer un seul.

Courage, mon vieux rat, pour samedi prochain. Allons, de l’aplomb, nom d’un tonnerre ! Là, un, deux, un, deux, pas trop vite ! ferme les trilles ! brrr les petites gammes ! ne perdons pas la tête !