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DE GUSTAVE FLAUBERT.

midi surtout m’est d’une longueur fatigante. L’esprit m’ennuie ; je voudrais être complètement simple pour t’aimer comme un enfant, ou bien alors être un Gœthe ou un Byron.

Aussitôt que j’aurai la lettre de Phidias, je laisse là mon ami (quoiqu’il vienne exprès ici) et j’accours. Tu vois bien que je n’ai plus ni cœur ni volonté, ni rien. Je suis quelque chose de flasque et d’attendri qui marche à ton ordre ; je vis en rêve dans les plis de ta robe, au bout des boucles légères de tes cheveux. J’en ai là. Oh ! comme ils sentent bon ! Si tu savais comme je pense à ta bonne voix, à tes épaules dont j’aime à humer l’odeur ! Tiens, je voulais travailler, ne t’écrire que ce soir. Je n’ai pas pu ; il a fallu céder.

Adieu donc, adieu, je dépose sur ta bouche un long et gros baiser.

Minuit. Je viens de relire tes lettres, de regarder encore tout ; je t’envoie un dernier baiser pour la nuit. Je viens d’écrire à Phidias. Je crois lui avoir fait comprendre que je veux venir de suite à Paris. Je la porterai demain à la poste à Rouen, avec celle-ci. J’espère arriver à temps pour que celle-ci t’arrive demain soir.

Adieu, mille baisers à n’en plus finir. À bientôt, ma belle, à bientôt.


118. À ERNEST CHEVALIER.
Croisset, 12 août 1846.

Je n’entends pas plus parler de toi que si tu étais mort. C’est mal, c’est mal, vieux, à toi, de ne pas le faire, à moi de ne pas te le rappeler plus