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DE GUSTAVE FLAUBERT.

in-folio que l’on m’a envoyé de la bibliothèque royale.

C’est l’Historia Orientalis de Nottinger, un bouquin latin hérissé de grec que je n’entends pas toujours, et d’hébreu par-dessus lequel je passe. Il faut que je l’aie rendu d’ici à peu (c’est un mien ami qui l’a pris pour moi). C’est un livre assez curieux, et après la lecture duquel on peut faire l’érudit à bon marché, mais ce n’est [pas] pour cela que je l’ai pris. C’était pour voir différentes choses sur la religion des Arabes avant Mahomet, et pour m’initier à la composition des talismans. Si j’en trouve un pour me rendre invisible, je filerai de suite rue Fontaine-Saint-Georges, et j’entrerai te baiser à la barbe de l’Officiel.

Adieu cher amour, à toi, à toi.


152. À LA MÊME.
En partie inédite.
Dimanche soir, [4 octobre 1846.]

Voici la lettre pour Mme Foucaud. Je voudrais être là, à Paris, près de toi, et effacer par un baiser chaque pli triste qui viendrait sur ton front en la lisant, car j’ai peur que tu ne t’en chagrines encore. J’ai obéi au mouvement d’écrire à cette femme. Ai-je bien fait de le suivre ? Je n’en sais rien. Je suis un peu comme Montaigne ; « je ne sais souffrir contradiction ni débat chez moi ». Cette idée m’est venue, j’y ai cédé, voilà tout. Si tu ne me blâmes pas j’aurai eu raison, si tu me reproches