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DE GUSTAVE FLAUBERT.

« Moi ! je te dirais seulement que, si je ne t’avais pas connue, j’aurais peut-être accepté, devenant libre, une position que le monde aurait appelée brillante. » Qu’aurais-tu dit si jamais je t’avais envoyé des choses pareilles ! Tu me parles de tes souffrances ! À ce qu’il paraît que je ne te parle guère des miennes, moi, car tu ne te doutes pas que des aveux semblables puissent m’en causer !

Que veux-tu que je te dise ? que je m’aperçois encore que j’ai causé ton malheur, que sans moi tu aurais été tranquille sinon heureuse. Eh bien, pour le bonheur passé, au nom de lui, et non pas de moi, pardonne-le-moi.

Adieu, chère camarade, puisque ce n’est plus que ce mot-là que tu me permets. Tu serres mes mains à la fin de toutes tes lettres ; veux-tu encore que je baise les tiennes comme le premier jour, comme le mercredi soir ?

Adieu, adieu.


164. À MADEMOISELLE GERTRUDE COLLIER.
[Début de novembre 1846.]

Est-ce que je ne vous reverrai plus ? Votre départ est donc bien décidé. Mais pourquoi ne vous en allez-vous pas par Rouen ? C’est la route qui vous mènerait le plus vite et je pourrais vous dire adieu. Si vous êtes triste de quitter Paris, je le suis aussi, moi, de votre départ. Je ne pourrai plus voir votre pauvre maison sans un serrement de cœur. Il y a ainsi maintenant, sur la terre, une