Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 1.djvu/57

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

chevaux de poste que nous avions relayèrent) nous avons été emportés et voici comment : à peine le postillon était-il monté sur son cheval que l’homme qui retenait les autres pour ne point qu’ils s’en allassent lâcha les brides et le cheval du milieu et celui de côté partirent au grand galop (ce postillon n’ayant point en mains leurs brides). Heureusement que le postillon lança son cheval au grand galop et rattrapa les brides des deux autres chevaux, c’est ainsi que finit l’aventure grotesque et romantique. Nous avons été dimanche à Versailles où nous vîmes le château royal bâti par Louis XIV, mardi nous allâmes au Jardin des Plantes où je rencontrai Morin, mon ancien maître de latin ; avec son aimable épouse qui était occupée à regarder les bêtes féroces. À Nangis nous vîmes l’ancien château de cette petite ville, c’est le château qui appartenait au Marquis de Nangis dont il est parlé dans Marion Delorme.

Dans La Chambre ardente j’ai vu jouer la fameuse Mlle Georges ; elle a rempli parfaitement son rôle. Tu me demandes dans ta dernière lettre si j’ai bien déclamé Credo. Je te répondrai qu’on ne m’a point dit de le dire, qu’on nous a dit de dire un Ave et un Pater, tout bas, qu’au reste j’ai assez mal baptisé ma pauvre filleule.

Adieu, mon cher ami, viens, je te prie, voir ton meilleur ami.

Le tien jusqu’à la mort.

Présente mes respects à toute ta bonne famille. Je te prie de me répondre le plus tôt possible.