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CORRESPONDANCE

Allons, pauvre adorée de mon cœur, prends courage, tu verras comme la première lettre que tu recevras d’Égypte te fera plaisir. Lis, tâche de lire, occupe-toi. Embrasse bien la petite fille. Je pense à elle souvent. Parle de moi, tâche qu’on en parle. Dis au père Parain qu’il boive de temps à autre un verre de kirsch à ma santé. Ici, un voyage en Orient est si peu de chose que le moindre décrotteur vous parle de Jérusalem, du Caire et de Persépolis comme de rien du tout. Ça ravale la bonne opinion qu’ont d’eux-mêmes les gens qui croient faire un grand coup en y allant. Adieu, mille baisers, mile tendresses. Demain je t’enverrai un bout de lettre, mais comme je l’écrirai probablement l’heure de la poste passée, il y aura un jour d’intervalle entre les deux. Encore une bonne embrassade.


233. À SA MÈRE.
Marseille, samedi soir [3 novembre 1849].

Ah ! pauvre mère, que je voudrais pouvoir me glisser dans mes lettres, entre ces plis de papier sur lesquels je verse un long regard de tendresse. Écris-moi des volumes, dis-moi tout ce que tu veux, épanche-toi.

Aujourd’hui nous avons embarqué notre bagage. Tous ces messieurs du bord sont charmants. Maxime a reconnu le médecin pour avoir déjà navigué avec lui. Reconnaissance, embrassade. Tableau. Nous partons avec le consul de Manille