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DE GUSTAVE FLAUBERT.

Je ne t’ai pas encore, suivant la promesse que je t’avais faite, ramassé des cailloux du Nil, car le Nil a peu de cailloux. Mais j’ai pris du sable. Nous ne désespérons pas, quoique cela soit difficile, d’exporter (expression commerciale) quelque momie.

Écris-moi donc d’archi-longues lettres, envoie-moi tout ce que tu voudras, pourvu qu’il y en ait beaucoup.

Dans un an à cette époque-ci je serai de retour. Nous reprendrons nos bons dimanches de Croisset. Voilà bientôt cinq mois que je suis parti. Ah ! je pense à toi souvent, pauvre vieux. Adieu, je te serre à deux bras, y compris tous tes cahiers.

P. S. — Si tu veux savoir l’état de nos boules, nous sommes couleur de pipe culottée. Nous engraissons, la barbe nous pousse. Sassetti est habillé à l’Égyptienne. Maxime, l’autre jour, m’a chanté du Béranger pendant deux heures et nous avons passé la soirée jusqu’à minuit à maudire ce drôle. Hein ! comme la chanson des « Gueux » est peu faite pour les socialistes et doit les satisfaire médiocrement !


253. À SA MÈRE.
Ipsamboul, 24 mars 1850. Dimanche des Rameaux.

Si cette lettre t’arrive, pauvre vieille, elle sera probablement encore mieux reçue que les autres, car il est probable que les derniers courriers ne t’en ont pas apporté. Tu recevras celle-ci de Wadi-Hafa, c’est-à-dire du point le plus éloi-