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DE GUSTAVE FLAUBERT.

en là-bas vite, vite, embrassez-la pour moi. Des lignes d’écriture embrasser quelqu’un ! Suis-je bête ? Allons, pas fort !

Adieu, pauvre chérie, mille tendresses. Allons, remonte-toi un peu. « Tu te manges le sang » ; « tu ne te fais pas de raison ».

17. Keneh. — Grande joie ! chère mère, mon cœur en saute. Voilà dix lettres pour moi, dont une du père Parain et une de Bouilhet. Quant à toi, je t’embrasse à t’étouffer. Je vois que tu vas bien, que tu es raisonnable. Je t’en aime mille fois plus pour cela. Tu te conduis bien. Comme tes lettres sont gentilles ! Je les ai dévorées comme un affamé. Adieu, encore mille baisers.


258. À EMMANUEL VASSE.
17 mai 1850.
À bord de notre cange, entre Kous et Keneh.

Je ne sais, cher ami, si tu as reçu un mot de moi daté du Caire, en réponse à un envoi de ta seigneurie, envoi dont je n’ai pu apprécier que l’intention, puisqu’il est arrivé à Rouen comme j’étais déjà en Égypte. Je crois t’en avoir remercié dans ma dernière lettre ; à mon retour ce sera ma première occupation de te lire, sois-en sûr.

Que deviens-tu et comment supportes-tu cette polissonne d’existence ? Que dit-on à Paris ? Quant à nous, nous n’avons pas reçu de nouvelles d’Europe depuis la fin de janvier dernier. Voilà en effet quatre grands mois que nous vivons sur le Nil, ne voyant que ruines, crocodiles et fellahs. Ce n’est