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DE GUSTAVE FLAUBERT.

Nous ne serons pas de retour au Caire avant la fin du mois prochain ; nous nous embarquerons à Alexandrie pour Beyrouth où je compte bien, mon cher Monsieur, avoir une lettre de toi. De Beyrouth nous nous mettrons en selle pour visiter toute la Palestine et la Syrie ; notre intention est de faire ensuite le voyage des îles Chypre, Candie et Rhodes.

Comme tu t’es occupé pendant de longues années de Candie, envoie-moi là-dessus le plus de questions que tu pourras. Je m’informerai et verrai par moi-même tout ce que tu me diras ; je te promets la bonne volonté la plus sincère. Expédie-moi donc par le courrier le plus prochain (à Beyrouth) une masse de notes, tant pour mon instruction personnelle que pour te servir d’éclaircissement à mille solutions qui sans doute te tourmentent. Si tu as quelque lettre à faire remettre ou n’importe quelle commission, tu sais, cher et vieil ami, que je suis tout à toi. Ma mère a dû écrire à Mme Vasse que nous irions à Larnaka ; ainsi je ne te demande rien pour ta sœur de ce côté. Je crois du reste que tu n’es pas avec elle en correspondance bien suivie. Tu peux t’appliquer ce mot connu : il n’y a pas de ressemblance entre moi, ma famille et une botte d’asperges ; nous ne sommes pas tous très unis. Le principal, quant à la famille, c’est de n’en être pas embêté. Or tu as su, par ton travail et une patience héroïque, te faire une position qui t’en rend indépendant. Dis-moi si elle s’améliore, si tu montes en grade, c’est-à-dire si l’argent augmente à mesure que la besogne diminue. Tu sais que tout ce qui t’intéresse m’intéresse. Voilà longtemps que nous portions ensemble