Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 2.djvu/222

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
216
CORRESPONDANCE

C’est une des choses les plus singulières que l’on puisse voir. Si on y allait tout seul, je crois qu’on serait pris de panique. Maxime a tué hier trois pélicans d’une seule balle. Leurs têtes sont à sécher au gouvernail. La collection de pattes d’oiseaux s’augmente. Il y a quelques jours, on nous a apporté tout vivant un énorme lézard du Nil qui ressemblait à un petit crocodile, que nous avons immédiatement tué et dépiauté. Pour 60 paras (7 sous ½) j’ai acheté une belle carapace de tortue.

Dans quelques jours va finir notre voyage sur le Nil. Nous quitterons, je suis sûr, notre pauvre cange avec tristesse. Mais la pensée que je me rapproche de toi, mère chérie, efface tout regret du temps qui s’écoule.

Quoique je n’aime guère les sentimentalités de cheveux, de fleurs et de médaillons, pour ne pas faire l’homme fort, je t’envoie une fleur de coton que j’ai cueillie hier à Fechnah[1] à ton intention.


261. À LOUIS BOUILHET.
Le Caire, 27 juin 1850.

Nous voilà revenus au Caire. Je n’ai que cela de nouveau à te dire, cher et bon vieux, car depuis ma dernière lettre il n’y a rien d’intéressant à te narrer sur notre voyage. Dans quelques jours, nous partons pour Alexandrie et à la fin

  1. Fechn.