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CORRESPONDANCE

317. À LOUISE COLET.

En partie inédite.

Croisset, jeudi, 4 heures du soir [15 avril 1852.]

Je t’écris avec grand’peine, car j’ai depuis hier matin un rhumatisme dans l’épaule droite qui ne va qu’en empirant d’heure en heure. Ce sont les pluies de la Grèce, les neiges du Parnasse et toute l’eau qui m’a ruisselé sur le corps dans le sacré vallon qui se font ainsi souvenir d’elles. Je souffre raisonnablement et suis pas mal irrité.

Si Madame R… trouve bonne ta comédie, tant pis pour elle (Mme R…) ; ou elle manque de goût, ou elle te trompe par politesse, à moins que je ne sois aveugle complètement.

Moi, j’ai trouvé la chose ennuyeuse, démesurée, et surtout le personnage de la grand’mère des plus maladroits, toute considération littéraire mise à part.

Pendant deux hivers de suite, à Rouen, 1847 et 1848, tous les soirs, trois fois (sic) par semaine, nous faisions à nous deux Bouilhet des scénarios, travail qui assommait, mais que nous nous étions jurés d’accomplir. Nous avons ainsi une douzaine, et plus, de drames, comédies, opéras-comiques, etc., écrits acte par acte, scène par scène, et quoique je ne me croie nullement propre au théâtre, il me semble que la charpente de ta pièce est malhabile. Cette grand’mère écoutant sans bouger est une ficelle trop cynique. Je crois être dans le vrai, ma pauvre chérie. Tant mieux si mes coups d’étri-