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DE GUSTAVE FLAUBERT.

l’éloge d’un homme médiocre, qu’attendre, sinon une médiocrité ? La forme sort du fond, comme la chaleur du feu.

Arrive le petit confiteor ; là le poète appelle ses œuvres des fautes d’enfant, se blâme des torts qu’il n’a plus et traite l’école romantique de n’avoir pas le sens commun, quoiqu’il ne renie pas ses maîtres. Il y aurait eu ici de belles choses à dire sur la place d’Hugo, vide. Comment se priver de pareilles joies, comme se refuser à soi-même la volupté de scandaliser la Compagnie ? Mais les convenances s’y opposaient ; cela aurait fait de la peine à ce bon Gouvernement et c’eût été de mauvais goût. Mais en revanche nous avons, immédiatement après, l’éloge inattendu de Casimir Delavigne, qui savait que l’estime vaut mieux que le bruit et qui, en conséquence, s’est toujours traîné à la remorque de l’opinion, faisant les Messéniennes après 1815, Le Paria dans le temps du libéralisme, Marino Faliero lors de la vogue de Byron, Les Enfants d’Édouard quand on raffolait du drame moyen âge. Delavigne était un médiocre monsieur, mais Normand rusé qui épiait le goût du jour et s’y conformait, conciliant tous les partis et n’en satisfaisant aucun, un bourgeois s’il en fut, un Louis-Philippe en littérature. Musset n’a pour lui que des douceurs.

Louer des vers où se trouve celui-ci :

En quittant Raphaël, je souris à l’Albane.


et Anacréon à côté d’Homère ! L’Albane est le père du rococo en peinture. M. de Voltaire l’aimait beaucoup. Ferney est plein de ses copies. Musset, qui a tant injurié Voltaire dans Rolla, mais qui devait faire son éloge à l’Académie (car il était