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DE GUSTAVE FLAUBERT.

Je rougis de tout point de cette ordure et moi qui te fais de si belles remarques sur ce que tu me montres, si je t’avais là, tu verrais un peu comme je déchiquetterais à belles dents le foutu style que je t’envoie. Peu importe. Je désire beaucoup que cet article paraisse et serais excessivement content si quelqu’un du journal voulait le signer. Je te recommande, bien entendu, l’anonyme le plus strict. Arrange-toi aussi de manière à ce que l’on ne se doute pas qu’il vient de toi. (Tu le feras recopier par la mère Hamelin.) Si aucun de ces messieurs ne veut le signer, mets un nom de hasard, mais vraisemblable. Si l’article semble trop long, tu supprimerais toute l’analyse et ferais un joint quelconque pour arriver jusqu’aux considérations, qu’il faut garder ; et alors on ferait une longue citation (la taverne). Mais je crois que l’analyse n’est pas ennuyeuse et que le peu de vers que j’ai cités, étant bien choisis, donnent une idée, approximative hélas, du poème.

Arrange-nous cette affaire, bonne Musette. Nous serions flattés de pouvoir montrer indirectement à la Revue de Paris qu’on peut se passer d’elle. Il y a dans le dernier numéro une petite grosse flatterie directe de Musset à l’adresse de Bouilhet et une indirecte à la mienne. Je n’ai pas reçu de réponse à ma seconde lettre. En recevrai-je ? J’en doute.


Mardi. [6 juillet.]

J’ai relu tout seul, et à loisir, ta dernière longue lettre, le récit de la promenade au clair de lune. J’aimais mieux la première, de toute façon, et