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DE GUSTAVE FLAUBERT.

mauvais œil, je serai couché sur les registres, et ce sera un précédent fâcheux pour moi, quand plus tard tu réclameras ce vieux glaive et ces bonnes balances contre celui qui t’embrasse.

À toi.

215. À LOUISE COLET.

En partie inédite.

Dimanche soir. [Rouen, sans date].

J’ai écrit à Du Camp pour les lettres ; je lui en avais déjà parlé. Vous savez, je vous dirai exactement et entièrement, comme je le dois, quelle sera sa réponse. Quoi qu’il arrive, soyez, ma chère Louise, sans la moindre inquiétude et sur le présent et sur l’avenir. J’ai peur, d’après tout ce que vous me dites de votre santé, que vous ne finissiez par devenir malade. Soignez-vous, soyez sage ; je veux dire raisonnable. Tâchez surtout de réfréner cette susceptibilité nerveuse qui est la calamité des natures d’artiste et la source de presque toutes leurs douleurs, tant au moral qu’au physique. Quant à moi, mes nerfs ne vont pas mieux. Je m’attends d’un jour à l’autre à avoir quelque attaque assez grave, car voilà quatre mois révolus que je n’en ai eu, ce qui est, depuis un an, le délai habituel. Au reste je m’en f…, comme dirait Phidias. À force de temps tout s’use, les maladies comme le reste, et j’userai celle-là à force de patience, sans remède ni rien ; je le sens et j’en suis sûr. Pardon, pauvre âme, de vous entretenir de ces misères mais ce sont les moindres ; j’en ai d’autres, la famille, etc ! Oh si vous saviez l’envie, le besoin