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DE GUSTAVE FLAUBERT.

devant vous des bêtises aussi délirantes, des stupidités aussi échevelées. On a fait l’éloge de Béranger dans presque tous les discours. Quel abus on en fait, de ce, bon Béranger ! Je lui garde rancune du culte que les esprits bourgeois lui portent. Il y a des gens de grand talent qui ont la calamité d’être admirés par de petites natures : le bouilli est désagréable surtout parce que c’est la base des petits ménages. Béranger est le bouilli de la poésie moderne : tout le monde peut en manger et trouve ça bon.

Voilà le jour de l’an qui vient, encore un an de passé ! Allons, du courage, pauvre amie ! Cette année-ci sera meilleure, espérons-le.

On a coutume de faire un cadeau à ceux qu’on aime. Je cherche autour de moi à vous envoyer quelque chose, quelque chose qui soit de moi, à moi. Je ne trouve rien. Eh bien, chère Louise, acceptez ceci, un baiser que je vous donne, un grand baiser du cœur, dans lequel je me mets tout entier, dans lequel je vous rends tout entière. Je le dépose ici, au bas de ma lettre ; prenez-le.


217. À LOUISE COLET.

Entièrement inédite.

[Croisset, mars 1848.]

Je vous remercie de la sollicitude que vous avez prise de moi durant ces événements derniers et, cette fois-ci, comme les précédentes, je vous demande pardon de l’inquiétude et du chagrin que je vous ai causés.