Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 2.djvu/96

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
90
CORRESPONDANCE

224. À PARAIN.
Croisset, samedi soir [été 1849].

Je vous remercie, mon brave père Parain, de la célérité que vous avez mise dans l’affaire Leclerc. Pour en finir de suite, qu’il sache à quoi s’en tenir et nous aussi. Voici quelles sont nos conditions : il nous accompagnera partout, ne nous quittera pas et nous obéira ponctuellement.

1o Il aura, soir et matin, lorsque nous serons en route, à faire et défaire notre tente, ce qui ne lui demandera pas cinq minutes de temps au bout de trois jours qu’il en aura pris l’habitude.

2o Il aura soin de nos armes, les charger, les nettoyer, etc., ainsi que la surveillance de nos chevaux et de nos bagages qui seront spécialement sous sa garde.

3o Il brossera nos habits et nos bottes et nous fera la cuisine, ce qui se bornera à faire cuire de la viande (quand nous en aurons) ou des œufs, à vider une volaille, à plumer du gibier (cela n’aura lieu ordinairement qu’en campagne).

4o Il portera le costume que nous jugerons convenable de lui donner. Comme on n’est considéré à l’étranger qu’en rapport de la considération que l’on s’attribue soi-même, cela est important.

Voilà quelles seront ses principales charges. Du reste, il faut qu’il soit décidé d’avance à tout faire et à ne jamais dire, comme les domestiques ordinaires : ça n’est pas de mon devoir, ça sort de mes fonctions.