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DE GUSTAVE FLAUBERT.

y a assez longtemps que nous sommes ballottés sur une mer orageuse, pour que nous ayons un peu de bon air.

Adieu, pauvre cher vieux bougre.

Tu seras un bien brave homme de m’envoyer la pièce de l’Incendie[1], car j’éprouve un grand besoin de l’apprendre par cœur, afin de la chantonner tout seul dans le silence du cabinet.


489. À LOUIS BOUILHET.
[Croisset, début d’août 1856.]

Le Double incendie, joint à la haute température qu’il fait, m’ont mis aujourd’hui en gaieté. Je n’étais pas hors de mon lit que je savais le susdit sonnet par cœur et je l’ai tant gueulé que j’en suis harassé ! C’est fort beau, car il m’obsède. Quel rythme ! J’en ai travaillé tout l’après-midi comme un homme. J’ai écrit une page, je fais du neuf et il faut avoir une grande vertu ou un bel entêtement pour poursuivre et parachever une semblable machine, contre laquelle tout le monde se mettra, à commencer par toi, mon vieux.

Tu feras bien de ne pas perdre de vue le jeune La Rounat[2]. Tu sais comme les hommes se métamorphosent dans les changements de fortune. Je ne doute pas de lui, mais… qu’importe. Bref, tâche de le voir de temps à autre sans qu’il y paraisse.

  1. Voir Festons et Astragales.
  2. Co-directeur de la Revue de Paris et directeur de l’Odéon.