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DE GUSTAVE FLAUBERT.

vers, mot à mot et, franchement, cela me plaît et m’enchante.

Vous avez trouvé le moyen de rajeunir le romantisme. Vous ne ressemblez à personne (ce qui est la première de toutes les qualités).

L’originalité du style découle de la conception. La phrase est toute bourrée par l’idée, à en craquer.

J’aime votre âpreté, avec ses délicatesses de langage, qui la font valoir comme des damasquinures sur une lame fine.

Voici les pièces qui m’ont le plus frappé : le sonnet XVIII : La Beauté ; c’est pour moi une œuvre de la plus haute valeur ; — et puis les pièces suivantes : L’idéal, La Géante (que je connaissais déjà), la pièce XXV :

Avec ses vêtements ondoyants et nacrés.

Une charogne, le Chat (p. 79), Le beau navire, À une dame créole, Le Spleen (p. 140), qui m’a navré, tant c’est juste de couleur ! Ah ! vous comprenez l’embêtement de l’existence, vous ! Vous pouvez vous vanter de cela, sans orgueil. Je m’arrête dans mon énumération, car j’aurais l’air de copier la table de votre volume. Il faut que je vous dise pourtant que je raffole de la pièce LXXV, Tristesses de la lune : …  

Qui d’une main distraite et légère caresse
Avant de s’endormir, le contour de ses seins…


et j’admire profondément le Voyage à Cythère, etc., etc.

Quant aux critiques, je ne vous en fais aucune,