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DE GUSTAVE FLAUBERT.

stupide qu’une critique injuste, je me prive de la mienne, qui pourrait bien l’être. Voilà, mon cher vieux. Tu vas dans ta conscience me traiter encore de lâche. Cette fois, tu auras raison, mais cette lâcheté n’est que de la prudence.

T’amuses-tu ? emploies-tu tes préservatifs, homme immonde ! Quel gaillard que mon ami Feydeau et comme je l’envie ! Moi je m’embête démesurément. Je me sens vieux, éreinté, flétri. Je suis sombre comme un tombeau et rébarbatif comme un hérisson.

Je viens de lire d’un bout à l’autre le livre de Cahen. Je sais bien que c’est très fidèle, très bon, très savant : n’importe ! Je préfère cette vieille Vulgate, à cause du latin ! Comme ça ronfle, à côté de ce pauvre petit français malingre et pulmonique ! Je te montrerai même deux ou trois contresens (ou enjolivements) de ladite Vulgate qui sont beaucoup plus beaux que le sens vrai.

Allons, divertis-toi, et prie Apollon qu’il m’inspire, car je suis prodigieusement aplati. À toi.


550. À JULES DUPLAN.
[Croisset] Mercredi, 5 août [1857].
Mon Bon,

Tâchez de venir le plus tôt que vous pourrez (j’entends d’ici une quinzaine), parce que :

1o J’aurai probablement, à la fin du mois, des parents de Champagne qui viendront ici pour un mois et qui prendront votre chambre ;