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DE GUSTAVE FLAUBERT.

que vous vouliez faire et que c’est une chose réussie.

N’ayez aucune crainte. Votre religieuse n’est pas banale, grâce aux explications du commencement. C’était là l’écueil, vous l’avez évité.

Mais ce que le livre a gagné à être simple lui a fait perdre, peut-être, un peu de largeur ? à côté de sœur Philomène, j’aurais voulu voir la généralité des religieuses, qui ne lui ressemblent guère. Voilà toutes mes objections. Il est vrai que vous n’avez pas intitulé votre livre : Mœurs d’hôpital. Dès lors, le reproche qu’on peut vous faire tombe.

Et je ne saurais vous dire combien j’en suis content. Je remarque en vous une qualité nouvelle, à savoir l’enchaînement naturel des faits. Votre méthode est excellente. De là vient peut-être l’intérêt du livre.

Quel imbécile que ce Lévy ! C’est au contraire très amusant.

Non ! Il n’y a pas trop d’horreurs (pour mon goût personnel il n’y en a même pas assez ! Mais ceci est une question de tempérament). Vous vous êtes arrêtés sur la limite. Il y a des traits exquis, comme le vieux qui tousse, par exemple, et le chirurgien en chef au milieu de ses élèves, etc. Votre fin est splendide : la mort de Barnier.

Il fallait faire ce que vous avez fait ou bien un roman en six volumes et qui eût été probablement fort ennuyeux. On vous a contesté jusqu’à présent la faculté de plaire. Or, vous avez trouvé le moyen cette fois-ci de plaire à tout le monde. J’en suis convaincu et ne serais point du tout étonné si Sœur Philomène avait un grand succès.

Je ne vous parle pas du style, il y a longtemps que je lui serre la main, tendrement, à celui-là !