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DE GUSTAVE FLAUBERT.

ces jours, dimanche ou lundi ; mais souvent je me trouve pris le soir. Adieu, rien de neuf, mille tendresses.

À toi. Ton G.

462. À LOUISE COLET.

En partie inédite.

[Croisset] Nuit de samedi, 1 heure
[25-26 mars 1854].

La tête me tourne et la gorge me brûle d’avoir cherché, bûché, creusé, retourné, farfouillé et hurlé, de cent mille façons différentes, une phrase qui vient enfin de se finir. Elle est bonne, j’en réponds ; mais ça n’a pas été sans mal !

Mais avant de parler de moi, parlons de toi, pauvre chère Louise. Je t’assure que personne ne compatit plus à ton rhume. Ce sont là de vraies maladies, car qu’est-ce qu’une maladie qui ne fait pas souffrir ? Un mot dans un livre, puisqu’on guérit des plus dangereuses et qu’on meurt des plus bénignes. La douleur, voilà le vrai mal, et c’est bien plutôt d’elle que de la mort que je suis un homme à me mettre sous la peau d’un veau « pour l’éviter » comme disait le vieux. C’est atroce un rhume ! Cela vous démoralise. L’humidité du nez semble tremper les pensées dans je ne sais quel mucus mélancolique. Ô science humaine ! À quoi sers-tu ? C’est pourquoi les gens prétendus utiles me semblent être d’un grotesque qui dépasse les autres. Dans quel état j’étais il y a cinq semaines à Paris ! Quel hargneux et maussade indi-