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DE GUSTAVE FLAUBERT.

teurs marines. Quand est-ce que j’entendrai mon cheval marcher sur des blocs de marbre blanc, comme autrefois ? Quand reverrai-je de grandes étoiles ? Quand est-ce que je monterai sur des éléphants après avoir monté sur des chameaux ?

L’inaction musculaire où je vis me pousse à des besoins d’action furibonde. Il en est toujours ainsi. La privation radicale d’une chose en crée l’excès, et il n’y a de salut pour les gens comme nous que dans l’excès.

Ce ne sont pas les Napolitains qui entendent la couleur, mais les Hollandais et les Vénitiens : comme ils étaient toujours dans le brouillard, ils ont aimé le soleil.

As-tu un Plutarque ? Lis la vie d’Aristomène. C’est ce que je lis maintenant. C’est bien beau.

Adieu, écris-moi pour me donner des nouvelles de ta santé et du concours. Je t’embrasse. Je t’écrirai samedi. À toi.


466. À LOUISE COLET.

En partie inédite.

[Croisset] Vendredi soir, minuit
[7 avril 1854].

Je viens de recopier au net tout ce que j’ai fait depuis le jour de l’an, ou pour mieux dire depuis le milieu de février, puisqu’à mon retour de Paris j’ai tout brûlé. Cela fait treize pages, ni plus ni moins, treize pages en sept semaines. Enfin, elles sont faites, je crois, et aussi parfaites qu’il m’est possible. Je n’ai plus que deux ou trois répétitions