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DE GUSTAVE FLAUBERT.

Je n’ai guère pensé à mon roman, au milieu de mes villégiatures (mot du grand monde) consécutives ; je ne me mettrai à la copie qu’après mon voyage de Montereau, vers la fin d’août.

L’artiste Feydeau a dédié son roman[1] à Monseigneur.

Pleut-il à Paris autant qu’à Trouville et qu’à Croisset ? Je suis décidément embêté de la France, et de moi aussi ! Je voudrais aller vivre pendant trois ans en Italie ; ça me rajeunirait, mais…

Adieu, mon bon vieux, je t’embrasse bien fort. Ton G. F.


797. À MADEMOISELLE AMÉLIE BOSQUET.
[Croisset] mardi soir [9 août 1864].

Je n’avais pas besoin de votre lettre pour savoir que vous êtes un bon cœur et un excellent esprit. Mes brutalités, ou plutôt ma grossièreté, comptaient bien là-dessus[2]. Si j’avais douté de votre intelligence, je ne vous aurais pas écrit si vertement, et, puisque vous acceptez mes baisers quand

  1. Le Secret du bonheur.
  2. Flaubert avait écrit sévèrement à Amélie Bosquet, à la suite d’un article de celle-ci, intitulé : « Béranger, ses amis, ses ennemis et ses critiques, par Arthur Arnould », article publié dans le Journal de Rouen du 1er août 1864. On y lit cette phrase, qui avait indigné Flaubert : « Entassez Bossuet sur Pascal et Chateaubriand sur Bossuet, vous ne trouverez rien, par exemple, qui vous fasse sentir plus vivement ce qu’il y a de fugitif dans la destinée humaine que ces deux simples vers [de Béranger] :

    Vous vieillirez, ô ma belle maîtresse,
    Vous vieillirez, et je ne serai plus. »