Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 5.djvu/233

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
227
DE GUSTAVE FLAUBERT.

maines, de la fin de mai au milieu de juillet. Puis j’ai été quinze jours en Angleterre, quinze jours à Paris et dans es environs. Je suis revenu hier de Dieppe, où j’ai passé une semaine, et me revoilà courbé sur ma table pour deux grands mois. J’irai à Paris vers la fin d’octobre, voir la pièce de Bouilhet[1], mais je n’y resterai pas, ayant l’intention de passer ici tout l’hiver afin de hâter un peu mon interminable roman, si bien que ma saison mondaine ne commencera guère avant le mois de mars.

Mais en revenant de Cambremer vous passerez sans doute par Rouen ? Je compte, ou plutôt nous comptons sur votre visite.

Ce qui me fait plaisir dans le ruban rouge, c’est la joie de ceux qui m’aiment ; c’est là le meilleur de la chose, je vous assure. Ah ! si l’on recevait cela à 18 ans !…

Quant à oublier mon procès et n’avoir plus de rancune, pas du tout ! Je suis d’argile pour recevoir les impressions et de bronze pour les garder ; chez moi rien ne s’efface ; tout s’accumule.

J’ignorais complètement l’existence d’un livre intitulé Robert Burat[2]. Quelle drôle d’érudition vous avez !

Je ne partage pas tout à fait votre enthousiasme pour l’Affaire Clemenceau, bien que ce soit de beaucoup l’œuvre la plus forte de Dumas. Mais il l’a gâtée à plaisir par des tirades et des lieux communs. Un romancier, selon moi, n’a pas le droit de

  1. La Conjuration d’Amboise, représentée pour la première fois à l’Odéon le 29 octobre 1866.
  2. Par Jules Claretie.