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DE GUSTAVE FLAUBERT.

Mais le beau, ce sont les braves gardes nationaux qu’il a fourrés dedans en 1848, et qui recommencent à l’applaudir ! Quelle infinie démence ! Ce qui prouve que tout consiste dans le tempérament. Les prostituées, comme la France, ont toujours un faible pour les vieux farceurs.

Je tâcherai du reste, dans la troisième partie de mon roman (quand j’en serai à la réaction qui a suivi les journées de juin), d’insinuer un panégyrique dudit, à propos de son livre : De la propriété, et j’espère qu’il sera content de moi.

Quelle forme faut-il prendre pour exprimer parfois son opinion sur les choses de ce monde, sans risquer de passer, plus tard, pour un imbécile ? Cela est un rude problème. Il me semble que le mieux est de les peindre, tout bonnement, ces choses qui vous exaspèrent. Disséquer est une vengeance.

Eh bien ! ce n’est pas à lui que j’en veux, ni aux autres ; mais aux nôtres.

Si l’on se fût préoccupé davantage de l’instruction des classes supérieures en reléguant pour plus tard les comices agricoles ; si on avait mis enfin la tête au-dessus du ventre, nous n’en serions pas là probablement.

Je viens de lire, cette semaine, la Préface de Buchez à son Histoire parlementaire. C’est de là entre autres que sont sorties beaucoup de bêtises dont nous portons le poids aujourd’hui.

Et puis, ce n’est pas bien de dire que je ne pense pas « à mon vieux Troubadour ». À qui donc penser ? À mon bouquin peut-être ? Mais c’est bien plus difficile et moins agréable.

Jusques à quand restez-vous à Cannes ?