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CORRESPONDANCE

je suis fatigué et assez dégoûté, et il me reste encore 250 pages à écrire ! Ne comptes-tu pour rien, non plus, les bourgeois qui vous abordent par ces phrases : « Eh bien, avez-vous quelque nouvelle page sur le chantier ? Vous êtes paresseux, etc… » J’ai lâché complètement le dîner Magny, où l’on a intercalé des binettes odieuses, mais tous les mercredis je dîne chez la Princesse, avec les Bichons et Théo.

Je t’attendais pour aller à Versailles. Je ferai cette course tout seul, mais je ne sais quand, étant fort dérangé et occupé.

Comme folichonnerie, j’ai été, le mardi-gras, au bal chez Arsène Houssaye. Le plus clair, c’était la jalousie des bons camarades contre notre délicieux fantaisiste ; le plus aigre étonnement se peignait sur les visages.

Je t’engage à ne pas rater la Foire de Tanta, si faire se peut, et à visiter les Pyramides, y compris celles de Sakkhara.

Ce que tu me dis des almées m’étonne ; tout est donc en décadence ?

Le philosophe Baudry a publié le premier volume de sa Linguistique[1], qui doit lui ouvrir les portes de l’Institut. Je dîne chez ce brave homme mardi prochain, avec Littré, Renan et Maury. Quelle réunion de bardaches ! La Princesse Julie raffole de Renan, ne parle que de ses œuvres, et même vous en tanne, si j’ose m’exprimer ainsi. Il a publié un nouveau bouquin de mélanges[2],

  1. Grammaire comparée des langues classiques, comprenant la théorie élémentaire de la formation des mots en sanscrit… I. Phonétique, par Frédéric Baudry (mars 1868).
  2. Questions contemporaines (Bibl. franç., 28 mars 1868).