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CORRESPONDANCE

C’est une mauvaise habitude qu’il faudra tâcher de reprendre.

Quant à ta bonne maman, elle ne rêve que toi ; sa santé d’ailleurs est excellente, mais la solitude lui pèse.

Nous attendons les dames Vasse dimanche ou lundi prochain.

Je travaille beaucoup, mais n’avance pas vite. Ce qui me reste encore à écrire m’épouvante. Enfin !

Adieu, pauvre Loulou, ou plutôt à bientôt, n’est-ce pas ?

Je t’embrasse bien fort.

Ton vieux oncle.

993. À GEORGE SAND.
[Croisset, fin septembre 1868].

Ça vous étonne, chère maître ? Eh bien, pas moi ! Je vous l’avais bien dit, mais vous ne vouliez pas me croire.

Je vous plains. Car c’est triste de voir les gens qu’on aime changer[1]. Ce remplacement d’une âme par une autre, dans un corps qui reste identique à ce qu’il était, est un spectacle navrant. On se sent trahi ! J’ai passé par là, et plus d’une fois.

Mais cependant, quelle idée avez-vous donc

  1. Mme Arnould-Plessy, sociétaire de la Comédie-Française, amie de George Sand avait été ramenée au catholicisme par le P. Hyacinthe Loyson. Cette conversion donna lien à un échange de lettres assez vives entre George Sand, l’actrice et le carme déchaussé. Quelques-unes de ces lettres ont été publiées par A. Houtin dans la Grande Revue du 10 juillet 1913, p. 89-93.