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DE GUSTAVE FLAUBERT.

de remonter jusqu’à Samson ; car j’ai repoussé, autant que possible, tout détail appartenant à des époques légendaires.

J’arrive aux richesses d’Hamilcar. Cette description, quoi que vous disiez, est au second plan. Hamilcar la domine, et je la crois très motivée. La colère du Suffète va en augmentant à mesure qu’il aperçoit les déprédations commises dans sa maison. Loin d’être à tout moment hors de lui, il n’éclate qu’à la fin, quand il se heurte à une injure personnelle. Qu’il ne gagne pas à cette visite, cela m’est bien égal, n’étant point chargé de faire son panégyrique ; mais je ne pense pas l’avoir taillé en charge aux dépens du reste du caractère. L’homme qui tue plus loin les Mercenaires de la façon que j’ai montrée (ce qui est un joli trait de son fils Hannibal, en Italie), est bien le même qui fait falsifier ses marchandises et fouetter à outrance ses esclaves.

Vous me chicanez sur les onze mille trois cent quatre-vingt-seize hommes de son armée en me demandant : D’où le savez-vous (ce nombre) ? qui vous l’a dit ? Mais vous venez de le voir vous-même, puisque j’ai dit le nombre d’hommes qu’il y avait dans les différents corps de l’armée punique. C’est le total de l’addition tout bonnement, et non un chiffre jeté au hasard pour produire un effet de précision.

Il n’y a ni vice malicieux ni bagatelle dans mon serpent. Ce chapitre est une espèce de précaution oratoire pour atténuer celui de la tente, qui n’a choqué personne et qui, sans le serpent, eût fait pousser des cris. J’ai mieux aimé un effet impudique (si impudeur il y a) avec un serpent qu’avec