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DE GUSTAVE FLAUBERT.

ici à sa place) que je trouve dans mon livre ? La voici :

1o Le piédestal est trop grand pour la statue. Or, comme on ne pèche jamais par le trop, mais par le pas assez, il aurait fallu cent pages de plus relatives à Salammbô seulement.

2o Quelques transitions manquent. Elles existaient ; je les ai retranchées ou trop raccourcies, dans la peur d’être ennuyeux.

3o Dans le chapitre vi, tout ce qui se rapporte à Giscon est de même tonalité que la deuxième partie du chapitre ii (Hannon). C’est la même situation, et il n’y a point progression d’effet.

4o Tout ce qui s’étend depuis la bataille du Macar jusqu’au serpent, et tout le chapitre xiii, jusqu’au dénombrement des Barbares, s’enfonce, disparaît dans le souvenir. Ce sont des endroits de second plan, ternes, transitoires, que je ne pouvais malheureusement éviter et qui alourdissent le livre, malgré les efforts de prestesse que j’ai pu faire. Ce sont ceux-là qui m’ont le plus coûté, que j’aime le moins et dont je me suis le plus reconnaissant.

5o L’aqueduc.

Aveu ! mon opinion secrète est qu’il n’y avait point d’aqueduc à Carthage, malgré les ruines actuelles de l’aqueduc. Aussi ai-je eu soin de prévenir d’avance toutes les objections par une phrase hypocrite à l’adresse des archéologues. J’ai mis les pieds dans le plat, lourdement, en rappelant que c’était une invention romaine, alors nouvelle, et que l’aqueduc d’à présent a été refait sur l’ancien. Le souvenir de Bélisaire coupant l’aqueduc romain de Carthage m’a poursuivi, et puis c’était une