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CORRESPONDANCE

Adieu, pauvre chérie. Quel dommage que tu ne restes pas à Croisset quand j’y serai !

9 heures trois quarts.

Je reçois ton volumineux paquet. Merci.

Si tu n’as pas absolument besoin d’être à Paris samedi soir, je te prie d’attendre jusqu’à lundi. Tu verras mes raisons.

La difficulté de se procurer des voitures fait perdre bien du temps, et la pluie ne discontinue pas.


1183. À GEORGE SAND.
Croisset, dimanche soir [11 juin 1871].
Chère Maître,

Jamais je n’ai eu plus envie, plus besoin de vous voir que maintenant. J’arrive de Paris et je ne sais à qui parler. J’étouffe. Je suis accablé ou plutôt écœuré.

L’odeur des cadavres me dégoûte moins que les miasmes d’égoïsme s’exhalant par toutes les bouches. La vue des ruines n’est rien auprès de l’immense bête parisienne. À de très rares exceptions près, tout le monde m’a paru bon à lier.

Une moitié de la population a envie d’étrangler l’autre, qui lui porte le même intérêt. Cela se lit clairement dans les yeux des passants.

Et les Prussiens n’existent plus ! On les excuse et on les admire. Les « gens raisonnables » veulent