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DE GUSTAVE FLAUBERT.

Je n’ai vu à Paris que deux hommes ayant gardé leur raison ; deux, pas plus : 1o Renan et 2o Maury, qui a maintenu le drapeau tricolore sur les Archives pendant tout le temps de la Commune. Je ne parle pas de d’Osmoy, qui tourne au héros. Non content d’avoir été capitaine de francs-tireurs, il a, depuis qu’il est député, pris du service dans l’armée active et s’est conduit de telle façon que Thiers a demandé à faire sa connaissance. D’après un rapport du Ministre de la guerre, il haranguait les soldats dans la tranchée et faisait le coup de feu avec eux.

Je n’ai pas pu voir Théo. On m’a dit qu’il était très vieilli, mais que son moral était bon. Le sieur Saint-Victor est entré au Moniteur de Dalloz.

Alexandre Dumas émaille les journaux de ses réflexions philosophiques.

La situation me paraît très bien résumée par un des membres de l’ambassade chinoise présente à Versailles : « Vous vous étonnez de tout ça. Mais je vous trouve drôles ! C’est l’ordre ! C’est la règle ! Ce qui vous étonne est justement ce qui se passe chez nous. » Voilà comment le monde est fait. Le contraire est l’exception.

Je n’ai aucune haine contre les Communeux, pour la raison que je ne hais pas les chiens enragés. Mais ce qui me reste sur le cœur, c’est l’invasion des docteurs ès lettres, cassant des glaces à coups de pistolet et volant des pendules ; voilà du neuf dans l’histoire ! J’ai gardé contre ces messieurs une rancune si profonde que jamais tu ne me verras dans la compagnie d’un Allemand quel qu’il soit, et je t’en veux un peu d’être main-