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CORRESPONDANCE

falaise ; une femme en peignoir rose, qui regarde une vue du Dauphiné… voilà tout. Donc je ne peux pas apprécier la critique de mon élève, de ma chère Caro, avec qui j’aime tant à causer littérature.

Ta grand’mère ne va pas mal. Ce matin elle a été déjeuner à l’Hôtel-Dieu ; puis les Achille, avec le jeune Ernest, sont venus dîner [hier]. Juliette, bien entendu, est à Ouville « avec ses ouvriers » !

Je suis de l’avis des Arabes : les riches, en Europe, ont une drôle de manière de s’amuser.

Nous nous sommes décidés à donner au bon Bataille le déjeuner promis depuis longtemps. Ce sera pour samedi prochain.

Hier, j’ai eu la visite de Caudron et celle de l’indomptable Allais. Il m’a promis un échantillon de café.

Telles sont les nouvelles.

J’oubliais un évènement extraordinaire : tantôt, comme j’étais seul, j’ai fait un tour jusque dans le potager !!! Le temps était splendide. Je suis resté en contemplation devant la nature, et j’ai été pris d’un tel attendrissement pour le petit veau qui était couché près de sa mère sur les feuilles sèches éclairées par le soleil, que j[e l’] ai baisé au front, le susdit veau !

Tâche de guérir ton rhume, pauvre Caro, et aime toujours

Ton vieux chanoine de Séville qui t’embrasse bien fort.