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DE GUSTAVE FLAUBERT.

La première a été splendide, et puis, c’est tout. Le lendemain, salle à peu près vide. La presse s’est montrée, en général, stupide et ignoble. On m’a accusé d’avoir voulu faire une réclame, en intercalant une tirade incendiaire ! Je passe pour un rouge (sic) ! Vous voyez où on en est !

La direction de l’Odéon n’a rien fait pour la pièce ! Au contraire. Le jour de la première c’est moi qui ai apporté de mes mains les accessoires du premier acte ! Et à la troisième représentation, je conduisais les figurants.

Pendant tout le temps des répétitions, ils ont fait annoncer dans les journaux la reprise de Ruy Blas, etc., etc. Ils m’ont forcé à étrangler la Baronne[1] tout comme Ruy Blas étranglera Aïssé. Bref, l’héritier de Bouilhet gagnera fort peu d’argent. L’honneur est sauf, c’est tout.

J’ai imprimé Dernières Chansons. Vous recevrez ce volume en même temps que Aissé et qu’une Lettre de moi au Conseil municipal de Rouen. Cette petite élucubration a paru tellement violente au Nouvelliste de Rouen qu’il n’a pas osé l’imprimer ; mais elle paraîtra mercredi dans le Temps, puis, à Rouen, en brochure.

Quelle sotte vie j’ai menée depuis doux mois et demi ! Comment n’en suis-je pas crevé ! Mes plus longues nuits n’ont pas dépassé cinq heures. Que de courses ! que de lettres ! et quelles colères — rentrées — malheureusement ! Enfin, depuis trois jours, je dors tout mon soûl, et j’en suis abruti.

J’ai assisté avec Dumas à la première du Roi

  1. La Baronne, drame en 4 actes, en prose, par Charles-Edmont et Foussier (Odéon, 23 novembre 1871).