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CORRESPONDANCE

Est-ce que tout déplacement vous est absolument impossible ? Si cela était, j’irais vous voir, je ferais ce grand sacrifice de faire une chose qui me serait agréable.

Mes affaires (les assommantes affaires d’argent) ne sont pas terminées et ne peuvent l’être avant longtemps. Ce qu’il y a de sûr, c’est que Croisset sera toujours mon refuge. Je n’ai plus grand chose qui m’attire à Paris et l’avenir se résume pour moi en une main de papier blanc qu’il faut couvrir de noir, uniquement pour ne pas crever d’ennui et comme on a un tour dans son grenier quand on habite la campagne.

Oui, j’ai lu l’Année terrible. Il y a du très beau, mais je n’éprouve pas le besoin de la relire. La densité manque. N’importe ! Quelle mâchoire il vous a encore, ce vieux lion-là ! Il sait haïr, ce qui est une vertu, laquelle manque à mon amie George Sand. Mais quel dommage qu’il n’ait pas un discernement plus fin de la vérité ! Vous ai-je dit que je l’avais vu cet hiver, plusieurs fois, et que j’ai même dîné chez lui ! Je l’ai trouvé un bonhomme simplement exquis et pas du tout comme on se le figure, bien entendu.

À quoi pouvez-vous passer votre temps ? Écrivez-moi ; il me semble que vous n’avez rien de mieux à faire.