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DE GUSTAVE FLAUBERT.

fait hier sur toi tant de compliments que j’en étais gêné. Jamais la petite mère Duval ne m’avait tant parlé. Son enthousiasme la rendait prolixe.

J’ai vu chez Laporte, jeudi dernier, mon chien[1] qui n’est pas du tout frisé comme je m’y attendais. C’est un simple lévrier, couleur gris de fer, mais qui sera très grand. J’hésite à le prendre, d’autant plus que maintenant j’ai peur de la rage. Cette sotte idée est un des symptômes de mon ramollissement. Je crois pourtant que je passerai par-dessus.

Je lis toujours des bouquins médicaux et mes bonshommes se précisent.

Pendant trois ou quatre mois encore je ne vais pas sortir de la médecine, mais j’aurai besoin (comme pour toutes les autres sciences) d’une foule de renseignements que je ne puis avoir ici. Il faudra donc cet hiver, et probablement l’autre, que je sois à Paris pendant assez longtemps. Et l’idée de l’argent revient à la traverse !… (ces points sont pour indiquer la rêverie). J’imagine que vous avez passé un joli dimanche à Pissy[2]. Enfin, en voilà pour longtemps ! Hier, sur le bateau de La Bouille, je me suis trouvé avec un de tes anciens amis, *** : il m’a paru absolument imbécile. C’est une chose étrange comme il y a maintenant des gens bêtes !

Mlle Julie me demande sans cesse « quand tu viendras » ; elle a l’air de s’ennuyer beaucoup. Mon serviteur juge à propos de se laisser pousser

  1. Ce chien se nommait Julio.
  2. Pissy-Pôville, propriété de Madame Commanville, où habitait son grand oncle, Achille Dupont.