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DE GUSTAVE FLAUBERT.

Notre ami Alexandre Dumas fils, pour faire un agréable paradoxe, n’a-t-il pas vanté ses bienfaits dans la préface de la Dame aux camélias ?

Et vous voulez que je ne sois pas triste ? J’imagine que nous reverrons prochainement des choses abominables, grâce à l’entêtement inepte de la Droite. Les bons Normands, qui sont les gens les plus conservateurs du monde, inclinent vers la Gauche très fortement.

Si l’on consultait maintenant la bourgeoisie, elle ferait le père Thiers roi de France. Thiers ôté, elle se jetterait dans les bras de Gambetta et j’ai peur qu’elle ne s’y jette bientôt.

Je me console en songeant que jeudi prochain j’aurai 51 ans.

Si vous ne devez pas venir à Paris au mois de février, j’irai vous voir à la fin de janvier, avant de rentrer au parc Monceau ; je me le promets.

La Princesse m’a écrit pour me demander si vous étiez à Nohant. Elle veut vous écrire.

Ma nièce Caroline, à qui je viens de faire lire Nanon, en est ravie. Ce qui l’a frappée, c’est la « jeunesse » du livre. Le jugement me paraît vrai. C’est un bouquin, ainsi que Francia, qui, bien que plus simple, est peut-être encore plus réussi, plus irréprochable comme œuvre.

J’ai lu, cette semaine, l’Illustre docteur Matheus, d’Erckmann-Chatrian. Est-ce assez pignouf ? Voilà deux cocos qui ont l’âme bien plébéienne.

Adieu, chère bon maître. Votre vieux troubadour vous embrasse.

Je pense toujours à Théo, je ne me console pas de cette perte.