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CORRESPONDANCE.

Beau passage ! mais dépassé par celui-ci :

J’ai lu dans quelqu’endroit qu’un avare de Rennes
Ne sachant comment faire, en un pareil moment,
S’avisa de mourir le dernier jour de l’an,
De peur de donner des étrennes.

En effet, vous avez toutes les cordes, soit que vous chantiez les albums de photographie :

C’est pour les visiteurs une distraction,
Et partout on en fait ample collection.

Ou le Jardin de Saint-Ouen :

À ton tour, tu subis le sort de ce grand cours,
Si brillant dans les anciens jours,
Que ne fréquente plus personne[1].

Ou les plaisirs de la danse :

Mais, comme au goût du jour, il faut que tout s’arrange,
Terpsychore a subi la loi du libre-échange ;
Déjà, sans respecter la prohibition,
Les Lanciers nous étaient arrivés d’Albion[2].

Ou les dîners en ville :

Mais vous n’attendez pas sans doute que j’expose
Comment de ces repas le menu se compose :
Sur la table, au début, figure le dessert.
....................
....................
Hélas, tous ces plaisirs ne sont pas sans dépense ;
L’hiver, au citadin, coûte plus qu’on ne pense[3] !

Ou les merveilles de l’industrie moderne :

On peut, dès à présent, avec bien moins de frais,
Par des trains de plaisir disposés tout exprès,
Visiter en huit jours la Suisse ou la Belgique,
....................
Et lorsque de Lesseps, après de longs efforts,
De l’isthme de Suez aura percé les bords,
Le touriste pourra, sans craindre la distance,
Comme on part aujourd’hui pour faire un tour en France,
Aller jusque dans l’Inde ou l’extrême Orient,
Faire un voyage d’agrément[4] !

Faites-le ! faites toujours de pareils bonbons ! Faites même des drames, vous qui discernez si bien la forme de la conception

  1. Lettre de condoléance au Jardin de Saint-Ouen. — Séance du 2 juin 1863. (Voir Précis analytique de l'Académie de Rouen.)
  2. L’hiver à la ville. (Épître. — Séance du 6 août 1863.)
  3. L’hiver à la ville. (Épître. — Séance du 6 août 1863.)
  4. Les Vacances. (Épître familière.) Séance du 6 août 1861.