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CORRESPONDANCE

comme un nègre. Samedi dernier j’ai enfin commencé mon roman. Les premières pages sont dures à décrocher ! et avant que j’aie fini la dernière, bien des révolutions auront peut-être passé sur le macadam. L’important pour moi, c’est que le susdit bouquin va m’occuper pendant longtemps. Tant qu’on travaille, on ne songe pas à ses misères.

Le directeur de Cluny a l’air enchanté du Sexe faible. Aurais-je une revanche, comme on dit en style de feuilleton ? Ce serait drôle.

Quand nous reverrons-nous ? Vous savez que je compte sur votre visite, cet automne ; et je profite de mon grand âge pour vous baiser sur les deux joues, chère Madame, ainsi que mon filleul, et celle qui m’appelle

Habert.

1484. À LA PRINCESSE MATHILDE.
Vendredi matin, août [1874].

Comme il y a longtemps que je n’ai eu de vos nouvelles, chère Princesse ! Je n’en avais aucune à vous donner de moi, qui fussent bien intéressantes. Depuis un mois j’essaie de commencer un grand livre qui me donne un mal affreux ! et les soucis de l’Art, joints au vide de la solitude, ne me rendent pas précisément très gai.

L’évasion de Bazaine m’a paru un événement assez drôle. Quelle suite aura-t-il ? Je n’imagine rien de bon de notre avenir.

Je n’ai pu voir à Dieppe le Prince Napoléon.