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DE GUSTAVE FLAUBERT.

1624. À SA NIÈCE CAROLINE.
Croisset, vendredi, 2 heures [15 décembre 1876.]
Mon Caro,

Tu es bien gentille, mais tu lis mes épîtres sans attention. Autrement tu aurais répondu à une question que je t’ai adressée dans la dernière :

N. B. — Que sont devenus, où as-tu mis le châle et le chapeau de jardin de ma pauvre maman ? J’aime à les voir et à les toucher de temps à autre. Je n’ai pas assez de plaisirs dans le monde pour me refuser celui-là !

Maintenant, parlons d’autres choses.

Il me semble que tu es partie d’ici depuis un an ! Malgré cela, les journées me semblent courtes. Explique cette contradiction ! Je continue à piocher roide ; le moins : huit à dix heures par jour. Depuis deux ou trois nuits, je dors un peu mieux, Dieu merci ! Et mes maux de tête ont disparu. Ma journée de dimanche, mes « parties de plaisir », comme disait l’Espagnol[1], ne m’ont pas été favorables, car lundi je n’ai pu travailler. J’étais triste et bête. D’où je conclus que la distraction ne distrait pas ; elle fait qu’on s’aperçoit de sa fatigue, voilà tout. Dans une quinzaine, peut-être une huitaine, je serai au milieu de ma seconde partie. Aussi serait-il plus sage de rester dans mon antre jusqu’à la fin de janvier. J’y suis à peu près résolu. De cette manière-là, j’arriverais à

  1. Surnom d’un cousin.