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CORRESPONDANCE

Mme André. Ce château est d’un luxe qui dépasse tout ce que j’ai vu jusqu’à présent. Il est vrai qu’il y a dans la maison plus d’un million de rentes, et je le crois sans peine, d’après le train qu’on y mène. J’ai vu arriver à la fois, par quatre avenues, dans le parc, quatre voitures de la maison, chacune attelée de deux chevaux superbes, etc. À plus tard les descriptions.

Carvalho, qui continue à avoir pour moi une passion folle, reviendra à Croisset, au commencement d’octobre, pour régler le scénario du Candidat, ou plutôt pour en causer longuement, car il n’y trouve rien à reprendre et il veut que je l’écrive dès maintenant, afin de le jouer l’autre hiver. Je suis plein d’hésitations. D’autre part, je voudrais être débarrassé de toute préoccupation, quand je me mettrai l’été prochain à Bouvard et Pécuchet… Fais-moi le plaisir de me dire à quelle heure sera, de dimanche prochain en huit, l’arrivée du paquebot de New-Haven. Il est convenu, entre moi et Tourgueneff, que si je ne reçois pas de lettre de lui d’ici là, il arrivera le 14 au matin à Dieppe, et que nous passerons la journée chez Mme Commanville.

Pendant que j’étais parti, le choléra sévissait sur nos bords. Plusieurs personnes en sont mortes, entre autres une fille de Saint-Martin, celle qui t’a servi de modèle. Une fille Bony s’est noyée et on l’a repêchée devant notre porte.

Comme on a formellement interdit la pièce de M. Coëtlogon parce qu’elle attaquait l’Empire (sic), celle de Sardou passera du 15 au 20 octobre (j’irai à Paris pour la première). En donnant à l’Oncle Sam 120 représentations, cela me remet au