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DE GUSTAVE FLAUBERT.

une autre pièce de votre serviteur (seul !) laquelle pièce n’est pas encore finie, mais peut l’être vers le jour de l’an.

La monarchie, grâces aux dieux, me paraît enfoncée ! Cependant il ne faut pas chanter victoire avant de voir les morts par terre.

À propos des morts, j’apprends à l’instant même que cette nuit, pendant que l’Opéra brûlait, mon pauvre Feydeau a quitté ce monde[1]. Tant mieux pour lui, du reste.


1409. À MADAME ROGER DES GENETTES.
Croisset, jeudi 30 octobre [1873].
Chère Madame,

Je rentre chez moi après dix jours passés à Paris et mon opinion est que : Ils seront enfoncés. Nous n’aurons pas de monarque. Dieu merci, c’est-à-dire qu’on ne brûlera pas les églises et qu’on ne tuera pas les autres curés, conclusion infaillible de la légitimité remise en honneur. Tâchez donc de vous procurer la brochure de Cathelineau et celle de Mgr de Ségur. Vous verrez le fond de ces gens-là, qui sont des gens du XIIe siècle.

Et le procès Bazaine ? C’est du propre, hein ? Me mépriserez-vous comme innocent et juvénile si je vous avoue que l’acte d’accusation de M. Rivière m’a fait pleurer ? Oui ! cela m’a suf-

  1. Feydeau mourut dans la nuit du 28 au 29 octobre 1873. (Journal des Goncourt, V. 93.)