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CORRESPONDANCE

Pauvre loulou, tu as des ennuis à cause de ta peinture ; mais, plus tu avanceras, plus ils augmenteront ! L’histoire des Arts n’est qu’un martyrologe ; tout ce qui est escarpé est plein de précipices. Tant mieux ! moins de gens peuvent y atteindre.

Ton parti est sage : « vole de tes propres ailes », avec le secours de Guilbert pour le dessin et, de temps à autre, un conseil de Bonnat.

Quant à de Fiennes, je souhaite que les choses s’arrangent, car ce serait bien embêtant et coûteux de déménager. Il sera toujours le plus fort, étant le propriétaire, c’est-à-dire ayant de l’argent. Jamais on ne m’a fait, à moi, la moindre réparation. Tout est locatif ! c’est convenu ! Donc, il faut céder ou s’en aller, et surtout en finir avec toutes ces histoires imbéciles qui usent votre énergie, dont on n’a jamais trop pour des choses plus sérieuses…

Ernest désire que tu fasses le voyage de Trieste avec lui, parce qu’il s’agit là-bas d’une décision grave à prendre et que tu as « l’esprit des affaires » : c’est le mot qu’il m’a dit l’autre jour. Je préférerais avoir ta gentille société pendant six semaines, ma chère fille. Néanmoins, je pense qu’il est raisonnable, pour une foule de raisons « majeures », de faire ce qu’il demande, « d’acquiescer » à son désir !

Ton oncle ayant tout à fait perdu le sommeil (par excès de pioche), a pris, hier, un bain de deux heures et, de plus, s’est purgé, de sorte qu’il a un peu dormi cette nuit et se porte, ce matin, comme un charme.

Je suis très content de Bouvard et Pécuchet ; mais