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DE GUSTAVE FLAUBERT.

pourtant beaucoup réjoui. Lis-la, et tu verras de quelle manière il entend le progrès social. J’ai fini aujourd’hui le Catéchisme de l’abbé Gaume : c’est énorme ! Il y a dans la seconde partie un petit cours d’histoire qui est soigné. Ce sont là des intermèdes à mes lectures philosophiques ; si elles durent encore deux ou trois mois, je serai d’une force honnête ; mais je vais avoir bientôt épuisé tout ce qui peut me servir à la Bibliothèque de Rouen. Depuis deux jours, je prépare mon chapitre ; mais je ne suis pas près de l’écrire !

Voilà deux fois que tu me parles de ton « bon moral », ma chère fille. Est-ce vrai ? Ordinairement, on ne se vante pas de ces choses-là ! Moi, je voudrais pouvoir en dire autant, et le travail n’y fait rien. La tristesse me ronge : voilà le vrai. Fortin ne veut pas me donner d’opium, prétendant que ça me congestionnerait trop. Cependant je voudrais bien dormir, car, dimanche, j’ai fait une promenade (mauvaise hygiène pour ma cervelle) et, ce matin, j’ai pris un bain. Vais-je être calme dans mon lit ? Problème ! Est-ce toujours mardi prochain la vente de la scierie[1] ? à ce moment-là verrai-je ton mari ?

Le bon Tourgueneff m’a écrit qu’il viendrait au commencement de la semaine prochaine. Je ne compte pas dessus. Cependant, sa lettre était bien tendre.

Tous les jours j’apprends la mort de quelqu’un que j’ai connu ou fréquenté ; depuis huit jours, voici la liste : Marc Fournier, Flammarion, Latour, Préault, etc. !…

[Je t’embrasse.] Vieux.


  1. Établissement de M. Commanville.