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DE GUSTAVE FLAUBERT.

au moins d’impatience. En résumé, et d’abord, j’ai eu tort, une fois de plus, de suivre les conseils des autres et de me méfier de mon jugement. Mais je suis incorrigible, je crois toujours au jugement des autres ; puis je m’en trouve mal. Donc, je commence.

Au commencement de janvier, Taine m’a écrit pour me dire que M. de Sacy allait bientôt mourir et que Bardoux ne demandait qu’à me donner sa place[1] : 3 000 francs et le logement. Bien que le logement me tentât (il est splendide), je lui ai répondu que cette place ne me convenait pas, puisqu’un séjour forcé à Paris avec 3 000 francs de rente me rendrait plus pauvre que je ne le suis à Croisset et que j’aimais mieux ne passer que deux ou trois mois à Paris. De plus, la Princesse et Mme Brainne m’ont dit que mes amis s’occupaient de me faire avoir « une position digne de moi ».

Deuxième acte, le lundi. Dès que vous avez été partis, Tourgueneff a pris une figure solennelle

  1. Voici la lettre de Taine, publiée par M. Lucien Descaves dans Figaro du 14 janvier 1907 :

    « Mon cher ami,

    Le pauvre M. de Sacy est à la mort ! Il va laisser une place vacante à la Mazarine ; c’est 3 000 francs par an, un beau logement avec fenêtres sur le quai, et un jour de séance par semaine dans la plus agréable salle de Paris. Vous êtes l’ami de Bardoux ; je crois savoir que vous n’auriez qu’à demander — ou même à accepter — pour avoir la place. Pensez-y et écrivez-moi un mot.

    Quand revenez-vous à Paris ? À vous.

    H. Taine. »

    M. de Sacy était administrateur de la Bibliothèque Mazarine. Il mourut en effet le 14 février 1879. (Note de René Descharmes, édition Santandréa.)