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CORRESPONDANCE

demande officiellement. Voulez-vous, chère Gertrude, vous charger de cette commission ?

Vous rappelez-vous la famille Bonenfant, à Trouville ? La seconde fille (qui n’était pas née en 1842) a tellement entendu parler de vous à ses parents, qu’elle donnera votre nom de Gertrude à une fille dont elle doit accoucher dans trois mois. C’est son beau-frère qui m’a appris cela, ce matin, et ça m’a fait bêtement plaisir. Mais pourquoi bêtement ? Effacez cet adverbe.

Remerciez bien Dolly pour sa gentille épître. Comme les choses sont mal arrangées dans ce monde ! Pourquoi ne vivons-nous pas dans le même pays ? J’aurais tant de plaisir à vous voir souvent ! Et à renouer la chaîne du vieux temps, qui n’a jamais été brisée d’ailleurs.

Il me semble que nous avons bien des choses à nous conter dans le « silence du cabinet », ma chère Gertrude !

Une question : Pourquoi paraissez-vous étonnée de ce que j’aie pu faire un conte intitulé : Un Cœur simple ? Votre ébahissement m’intrigue. Douteriez-vous de mes facultés de tendresse ? Vous n’avez pas ce droit-là, vous !

Je cause souvent de vous avec Caroline. Mille bénédictions sur votre maison. Je vous serre et baise les deux mains.